patient logement

Monsieur J.* a vécu un parcours de rue extrêmement long. Durant des années, il dormait dans une tente à proximité d’un quartier bruxellois où il était connu et très apprécié des habitants. Lorsque nous l'avons rencontré, son état physique était fortement dégradé et son hygiène tout à fait délaissée. L’équipe a pris le temps de faire connaissance avec lui, notamment en passant de nombreux moments à rire de ses blagues. L’humour lui est très coutumier !

Pourtant, au fur et à mesure des rencontres, Monsieur J. dévoilait une partie sombre de lui-même, en se livrant de plus en plus au sujet de ses blessures intérieures. Il devint évident qu’il souffrait d’une profonde solitude, d’une grande tristesse.

Son insertion en logement fut une étape marquante. Il était ravi de son petit espace mis à disposition dans un coin tranquille, et sans doute quelque peu apaisé par le fait de se retrouver enfin en sécurité. Il était dorénavant possible d’envisager d’autres choses que la manche, la survie. Énormément d’avancées et de choses positives s’en sont suivies.

Toutefois, le moral de Monsieur restait fragile et très variable. Sa consommation excessive d’alcool lui permettait d’oublier mais entretenait également une forme de dépression permanente. Monsieur parlait régulièrement de suicide et ses idées noires ne le quittaient que de manière très brève. Cela se reflétait nettement sur son hygiène ainsi que sur l’entretien de son logement, qui pouvaient parfois être catastrophiques.

Tout a changé quand, récemment, il a rencontré quelqu’un. L'amie d’un ami. Il la qualifie aujourd’hui comme étant sa compagne : gentille, attentionnée, mais parfois emmerdante (il raconte cela avec un sourire en coin). A présent, Monsieur est rasé de près, coiffé, vêtu d’un beau costume et de chaussures neuves. Il ne boit plus que quelques cannettes par jour et dit qu’il mange comme un roi. Dans son logement, le sol brille. Il a le moral, en profite et ne s’en prive pas. Et il a bien raison.

Notre accompagnement, en tant que professionnels, n’est certes jamais dénué de sens. Mais il est tout de même important de se rappeler les effets positifs que peuvent produire un peu d’affection, le partage de sentiments sur une personne blessée. Cela n'a pas de prix.

Nous souhaitons à Monsieur J. et à sa compagne bien du bonheur !

 

Sans vous, il n'y a pas de nous.

(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patients et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte.