En ce début de printemps, nous avons rendez-vous avec Mme V. * pour l’accompagner à un examen important à l’hôpital : son genou se dégrade et elle ne parvient presque plus à marcher.

Pas question d’être en retard donc.
Autant dire que ce n’était pas le jour pour retrouver mon vélo vandalisé en sortant de chez moi...

Bon, on court, on prend les transports, on sue.
Arrivé au local, on prépare ses affaires, et départ en trombe avec ma collègue et notre fidèle petite voiture, "la Cacahuète”, qui démarre sur les chapeaux de roue (enfin à 30km/h bien sûr) .

On sonne chez Madame qui nous crie immédiatement dessus à travers la fenêtre.

C’est bon signe, elle est réveillée.

Elle nous ouvre et s’adoucit, elle se souvenait du rendez-vous et avait préparé ses affaires. Elle termine de s’habiller avec difficulté et on se met en route.
Le temps du trajet, l’ambiance se détend : on se lance quelques piques et on prend des nouvelles.

On parle notamment de son fils qui est de retour d’Italie. Elle demande comment vont les collègues qu’elle n’a pas vues depuis longtemps.

Arrivés sur le parking légèrement en retard, on se rend malgré tout à l’accueil en se préparant à en découdre, mais, contre toute attente, on nous envoie directement dans le service où nous sommes reçues quelques minutes plus tard.

On prend place face à l’orthopédiste et…Madame V. lui tombe dessus : elle n’aime pas les nouvelles têtes et le leur fait bien comprendre.

Pas déstabilisée pour un sou, la docteure l’interroge sur ses douleurs et l’examine scrupuleusement malgré les protestations.

Ferme mais patiente et à l’écoute, elle trouve les bons mots et Madame ne dit plus rien, tout à coup très à l’aise et détendue.
Bilan : le diagnostic se précise, on prévoit des examens complémentaires et un nouveau rendez-vous dans un mois.

Madame acquiesce avec enthousiasme et on ressort toutes les trois de la consultation avec le sourire.
Cela faisait près de deux ans qu’on essayait, sans succès, d’organiser ce rendez-vous...

Aidez-nous à mettre fin au sans-abrisme!

(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patients et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte.