Cher lecteur, chère lectrice, 2023 a été marquée par deux préoccupations qui, comme toujours chez Infirmiers de rue, se sont transformées rapidement en actions : la création de logements pour nos patient·es et l’amélioration de leur santé mentale.
Notre fondation immobilière Casa+ est maintenant lancée et fera ses premiers pas très bientôt.
Le but visé par cette démarche : montrer concrètement que la fin du sans-abrisme passe par l’accès au logement abordable, et joindre le geste à la parole en mettant très concrètement des logements à disposition d’associations ou d’institutions qui relogent les personnes vivant en rue. En effet, nous constatons de plus en plus que c’est le manque de logements abordables, aggravé par la crise du logement actuelle, partout en Belgique, qui est le facteur-clef sur lequel nous devons agir si nous voulons mettre fin au sans-abrisme.
A cet égard, l’année 2024 sera, pour la fondation, l’année de la communication et des premières actions.
La santé mentale de nos patient·es est l’autre sujet qui monte.
Pour deux raisons : le mode de sélection de nos patient·es d’une part – les plus vulnérables, donc très souvent des personnes avec des problèmes importants de santé mentale - , et tout notre travail de remise en logement et de stabilisation d’autre part, qui met encore plus en évidence ces difficultés. Dans le système « classique », le problème « se résout » le plus souvent avec le retour de la personne en rue. Par contre, quand on se préoccupe de stabilisation à long terme en logement, on est, la plupart du temps, forcé de trouver de vraies réponses aux questions de santé mentale. Les réponses se trouvent en partie dans les réseaux spécialisés liégeois et bruxellois de santé mentale. Notre tâche consiste donc à trouver les relais capables et volontaires pour ces prises en charge, à apprendre à mieux collaborer avec eux, et enfin à continuer à former nos équipes à mieux soutenir et accompagner nos patient·es sur le chemin du rétablissement.
Sur un autre plan, l’année 2023 aura été une année de grande incertitude financière pour Infirmiers de rue.
En cause, l’augmentation du coût de la vie et l’inévitable (et relative) imprévisibilité de nos recettes. Mais les crises sont aussi des moments d’apprentissage et de lucidité. Celle-ci nous aura permis de comprendre la nécessité de sécuriser dans le temps notre fonctionnement par une bonne gestion, sur le long terme, de nos ressources financières, autant à Liège qu’à Bruxelles.
Mieux anticiper les efforts et investissements à faire, les répartir sur plusieurs années, profiter des occasions pour sécuriser le moyen terme avec des prévisions budgétaires sur plusieurs années : voilà les différents accents à mettre en terme de gestion.
Ensuite, pour sécuriser les recettes, il est indispensable de demander et recueillir des subsides, pour assurer la viabilité de nos actions sur le long terme, et pour garantir l’engagement sociétal clair des autorités publiques, tant fédérales que régionales, sur le problème du sans-abrisme.
Et il est tout aussi nécessaire de s’assurer du soutien continu de donateurs et donatrices qui appuient nos projets, sont conscient·es des enjeux et manifestent ainsi leur volonté de participer à la démarche générale de mettre fin au sans-abrisme.
C’est grâce à ces dernier·es et à leur aide bien concrète que nous pouvons rester innovants, démarrer des projets, ou financer des fonctions non encore reconnues, et espérer, petit à petit, changer les mentalités comme la situation sur le terrain.
- Dr Pierre Ryckmans, co-coordinateur et responsable médical