C’est simple : la solution au sans-abrisme, c’est le logement. Pourtant, plus de 200 personnes dorment encore dans les rues de Liège en 2023. Quels sont les défis et comment les relever ? Hélène, responsable logements chez Infirmiers de rue Liège, apporte quelques éléments de réponse.

Défi 1 : Motiver la personne à sortir de la rue

Sortir de la rue demande du temps, mais c’est possible. Même pour les personnes sans-abri les plus vulnérables. Hélène : « Les personnes que nous suivons ont déjà passé quelques années en rue et cumulent différents problèmes liés à la santé mentale, les addictions, l’isolement social, les discriminations… Chacun de ces facteurs rend plus difficile le retour en logement. »

Pour y arriver, l’équipe d’Infirmiers de rue mise sur la création du lien avec ses patient·es. « Nous devons respecter la temporalité de la personne pour établir le contact et une relation de confiance. Ensuite, nous pouvons nous attaquer aux aspects pratiques, comme le rétablissement de ses droits administratifs et de ses revenus. Enfin, nous pouvons chercher un logement… Et c’est là que j’interviens.»

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Défi 2 : Garantir le paiement du loyer

Personne ne veut louer son bien sans garantie de paiement. C’est pourquoi, la première chose qu’une agence immobilière ou un·e propriétaire demande, est la preuve de revenus mensuels pour les trois derniers mois. Hélène : « Pour y répondre dans les temps, il faut déjà que notre patient·e ait perçu ses revenus pendant trois mois. En général, il ou elle perçoit le revenu d’intégration sociale (RIS) du CPAS ou les allocations de handicap, mais ces types de revenus sont entourés de stéréotypes et ne rassurent pas les propriétaires, compliquant l’accès au logement. »

La preuve de paiement pour les trois derniers mois de loyer est souvent aussi réclamée. « Pour quelqu’un qui est à la rue, c’est impossible… Nous devons alors renoncer à ce logement. »

Défi 3 : Désamorcer la discrimination sur l’apparence

Si les propriétaires et les agences immobilières ne sont pas discriminants quant à la situation financière de nos patient·es, on peut passer à l’étape suivante : la visite du logement. Mais cela peut constituer un nouveau point d’accroche.

Hélène : « La vie en rue laisse des marques sur le physique de nos patient·es,ils et elles sont parfois gênés de leur propre apparence, ou peuvent ressentir du stress qui engendre des difficultés à s’exprimer… Cela n’est souvent pas à leur avantage vis-à-vis des propriétaires peu sensibilisés à leur situation. Pour éviter le stress pour toutes les parties, nous faisons les premières visites généralement sans nos patient·es. Si cela se passe bien, nous organisons une rencontre. »

Défi 4 : Diminuer les délais d’attente pour un logement abordable

À Liège, pour un logement social, on a un délai d’attente de sept à huit ans. « Malheureusement, nos patient·es sont rarement sur le haut de la pile des dossiers… Et il y a de quoi perdre espoir. »

Les agences immobilières sociales (AIS) jouent aussi un rôle dans le relogement des personnes en situation de précarité. « Mais les AIS sont débordées, à Liège comme ailleurs. Les assistant·es sociaux·ales ont jusqu’à 2000 ménages à suivre. »

En conclusion : « Nous devons aussi compter sur d’autres initiatives comme le projet Devenir propriétaire solidaire, le partenariat avec la coopérative immobilière sociale les Tournières ou encore l’implantation future de notre projet de logements modulaires à Liège, mais également sur le soutien de nos donateurs·rices.»

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